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Secret bancaire, « asile fiscal » accordé à des entreprises et à de riches étrangers…
Souvent la Suisse est accusée de concurrence déloyale et plusieurs Etats étrangers font pression depuis quelques années pour qu’elle change ses pratiques.
Trouvez-vous normal que pendant des décennies les Grecs les plus fortunés, pour payer moins d’impôts, aient placé leur argent en Suisse, et dans d’autres pays (Etats-Unis, Angleterre – îles anglo-normandes, Luxembourg…) et qu’aujourd’hui les Grecs les plus démunis doivent régler la facture?
Trouvez-vous normal que les plus grandes fortunes françaises menacent de quitter leur pays, si elles devaient payer plus d’impôts pour financer les réformes que le nouveau président socialiste entend initier?
Trouvez-vous normal que les multinationales, en domiciliant leur siège en Suisse et en y déclarant leurs bénéfices, payent proportionnellement beaucoup moins d’impôts que les PME. Et que, souvent, elles privent ainsi des Etats du tiers-monde des ressources dont ils auraient besoin pour leur développement?
Poser ces questions, c’est y répondre: la Suisse et ses cantons doivent modifier leurs pratiques!
Mais, en y regardant de plus près, la réalité n’est pas aussi simple.
Certes, si les plus fortunés évadent le fisc les Etats manquent des moyens nécessaires pour offrir infrastructures et prestations de qualité, et ce sont les classes moyennes qui sont taxées plus lourdement.
Mais d’un autre côté il ne faut pas être naïfs : ce n’est pas le désir de moraliser la finance qui motive plusieurs Etats à demander une modification de nos règles fiscales.
Avec la crise financière mondiale, on assiste à un durcissement de la compétition entre les économies mondiales et les Etats, pour trouver de nouvelles ressources, sont poussés à lutter contre l’évasion fiscale transfrontalière. En même temps, toutefois, ils maintiennent des législations qui favorisent leurs plus gros contribuables…
Les pays anglosaxons, par exemple, appuient leurs banques, en compétition avec les banques suisses, en s’attaquant au secret fiscal helvétique et continuent à autoriser chez eux les trusts et d’autres instruments qui facilitent « l’optimisation fiscale » pour les clients les plus fortunés de leurs instituts financiers…
Alors que doit faire la Suisse lorsqu’elle conclut de nouveaux accords fiscaux avec des pays étrangers, qu’on traite de distinction entre évasion fiscale et fraude fiscale…?
A mon avis, notre Pays doit offrir son aide administrative et pratiquer l’échange automatique de données pour lutter non seulement contre la fraude fiscale, mais également contre l’évasion fiscale avec tous les Pays qui s’engagent à la réciprocité et qui modifient également leur législation. Ainsi chaque pays pourrait exiger les rentrées fiscales qui lui sont dues sur les bénéfices que les entreprises multinationales réalisent effectivement localement et sur les avoirs que ses ressortissants placent à l’étranger.
Mais à quoi bon abolir le secret bancaire suisse, si les bénéficiaires trouvent des possibilités de fuir le fisc dans d’autres pays, souvent ceux-là-mêmes qui font pression sur la Suisse?
Parallèlement la distinction entre évasion fiscale et fraude fiscale devrait être abolie également sur le territoire suisse, de manière à ce que les autorités cantonales aient les mêmes droits que celles des pays étrangers. On doit tendre à la suppression de la concurrence fiscale « déloyale », qui bénéficie avant tout aux plus fortunés, non seulement entre les Etats, mais aussi entre les Cantons et les Communes.

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Triomphe des marchands d’armes?

Le Conseil fédéral nous a assuré a plusieurs reprises que la Suisse peut avoir une armée plus svelte, mais efficace et adaptée à notre temps avec 80’000 hommes et en dépensant annuellement 4, 4 milliards de francs.

Ce n’est pas rien, mais pas suffisant pour les marchands d’armes qui ont pris l’habitude de vendre au prix fort leur pacotille à l’armée suisse.

Ils ont donc mené un travail de lobby intense, et après le Conseil national, le conseil des Etats est aussi sur le point de

  • Premièrement soustraire à la votation populaire le choix important de dépenser 3,5 à 5 milliards de francs pour 22 avions de combats.
  • Deuxièmement, dépenser pour ces avions 2 fois plus que nécessaire et que d’autres pays débourseraient.
  • Troisièmement oublier que les temps ont changé et que dans l’Europe d’aujourd’hui nous devons peut-être craindre une attaque terroriste ou une attaque informatique, mais pas une attaque militaire conventionnelle.

Le Parlement suisse est en train de suivre dans sa majorité des milieux qui espèrent en tirer de juteux bénéfices et des stratèges en retard d’une guerre.

Les journalistes vont-ils en faire les gros-titres ?

Ça serait logique, car si le Parlement décide d’accorder annuellement à l’armée des centaines de millions de plus que la somme planifiée par le Conseil fédéral, ce dernier sera obligé de prévoir des coupes équivalentes:

  • dans l’agriculture, en réduisant encore plus notre souveraineté alimentaire,
  • dans la formation, essentielle pour l’avenir de notre pays,
  • dans les transports, notamment le trafic d’agglomération, qui nécessite d’importants investissements
  • etc.

D’ailleurs ce n’est n’est pas moi qui le dit, Madame la Conseillère fédérale Leuthard a mis en garde dans ce sens le Conseil des Etats et Monsieur le Conseiller fédéral Burkhalter l’a répété au Conseil national. Je le cite:

« Ce que vous devriez plutôt faire, c’est revenir en arrière dans le cadre du budget de l’armée. En effet, le Conseil fédéral vous a expliqué, pour ce qui est de l’armée, que nous pouvons avoir une armée efficace avec un peu moins d’argent. En tout cas, on n’aimerait pas que, finalement, ça entraîne une diminution des crédits dans les domaines de la formation et des transports. »

D’avantage de transparence dans les comptes des partis et des politiciens permettrait peut-être de comprendre pourquoi une majorité UDC + PLR + une partie du PDC est en train de:

  • suivre le lobby de l’armement plutôt que le Conseil fédéral
  • prévoir une augmentation de 800 millions du budget annuel de l’armée
  • hâter l’achat de 22 avions de combat, en le soustrayant au vote populaire
  • oublier quels sont les besoins prioritaires de notre Pays !

En novembre passé, Green Cross, l’ONG fondée par l’ancien président de l’URSS Gorbatchev, a invité les Parlementaires à participer à un voyage d’étude à Tchernobyl, pour la commémoration des vingt-cinq ans de l’accident. Je me suis inscrit sans hésiter.

Devoir de mémoire: impossible de laisser tomber dans l’oubli cette catastrophe, les centaines de milliers de « liquidateurs » qui au détriment de leur santé, voire de leur vie, ont évité le pire.

Désir de m’imprégner de l’atmosphère de ce lieu où, après avoir été détruite par la radioactivité, la vie a repris.

Volonté d’entendre des responsables parler de ces événements et de leurs conséquences.

Lire des rapports, regarder des documentaires, c’est une chose. Se rendre sur place, dialoguer avec des témoins et des spécialistes, une autre.

Je constate qu’en Ukraine, presque tout le monde s’accorde sur le fait que les dysfonctionnements du système soviétique sont à l’origine de l’accident.

Par contre les opinions divergent quant à l’ampleur des conséquences sur la santé humaine. Le lobby nucléaire, et une partie des autorités, tendent à les minimiser. Il n’y aurait eu que quelques dizaines de morts, au plus quelques milliers. Des pédiatres, des oncologues et d’autres spécialistes s’irritent face à ce mensonge. Comment peut-on nier que la radioactivité dégagée par Tchernobyl a provoqué la mort de centaines de milliers de personnes dans le monde entier?

Une étude, publiée il y a une année dans les annales de l’Académie des sciences de New York (vol 1181), affirme que, entre 1986 et 2004, 985’000 décès dans le monde sont attribuables aux retombées de l’accident, et que 112’000 à 125’000 des 830’000 liquidateurs intervenus sur le site, sont morts…

J’aurai l’occasion de rapporter ce que j’ai entendu et vu à Slawutitsch, Tchernobyl et Kiev, en présentant des images tournées sur place, à la soirée « Tchernobyl » ce vendredi 29 dès 19h, à Lausanne, la Fraternité, 2 place Arlaud.

En tout cas aujourd’hui, suite aux avaries de Fukushima, personne ne peut nier l’existence d’un risque résiduel non négligeable, même pour les centrales nucléaires « occidentales ».

Des femmes et des hommes de tous bords affirment pour la première fois qu’il vaut mieux améliorer l’efficacité énergétique et développer les énergies renouvelables plutôt que de construire de nouvelles centrales nucléaires.

Des rapports marqués du sceau du secret et profondément enfouis parmi les classeurs fédéraux, qui mettent en évidences les défauts des centrales suisses, refont surface comme par miracle.

Et pourtant le lobby nucléaire ne désarme pas, il commence déjà à affirmer: Fukushima c’est un accident « japonais », impossible en Suisse.

Engageons-nous pour que demain on n’aie pas à dire: c’est un accident « helvétique », que voulez-vous, ils étaient tellement sûrs que rien ne pouvait arriver à leurs centrales, qu’ils n’ont pas su les arrêter à temps…

Christian van Singer, conseiller national, les VERTS

Fukushima; quelles conséquences?

Depuis 3 semaines, on m’interpelle fréquemment sur Fukushima.

Les questions le plus souvent posées sont les suivantes:

  1. Pourquoi, avec toute l’eau qu’on verse sur les centrales, on n’arrive pas à arrêter le dégagement de radioactivité et de chaleur? Que se passe-t-il au juste dans ces centrales?

  2. Mais alors, il n’y a pas que les centrales soviétiques qui sont dangereuses? Nos centrales nucléaires, ne sont-elles pas sûres?

  3. Y-a-t-il beaucoup de radioactivité qui se répand dans l’environnement? Quels sont les risques pour la santé?

     

Probablement vous êtes nombreux à vous poser ces mêmes questions, je vais donc essayer d’y répondre succinctement dans cet billet.

1. Quand on parle d’une fusion qui n’est pas une fusion nucléaire,
mais une fonte des barres de combustible

Lors d’un arrêt d’urgence:

  1. Les barres métalliques et l’eau borée, qu’on introduit dans le coeur de la centrale, ont pour effet de stopper la fission en chaîne de l’uranium, provoquée par des neutrons ralentis

  2. Mais les produits de fission €“ les déchets radioactifs donc – déjà présents dans le combustible, continuent leurs réactions radioactives et continuent donc à dégager de la chaleur.

  3. Il est indispensable que des génératrices « de secours » fournissent du courant pour faire circuler l’eau pour le refroidissement.

  4. Si cette chaleur n’est pas évacuée normalement, les barres de combustibles surchauffent. Et les gaines risquent de fondre.

  5. L’eau au contact des barres surchauffées peut se décomposer en oxygène et hydrogène.

  6. La pression monte.

  7. Si l’on évacue la vapeur pour faire baisser la pression, l’hydrogène peut provoquer des explosions.

  8. Si les barres de combustible sont déjà abimées, des isotopes radioactifs sont aussi libérés dans l’environnement.

  9. Explosions, températures élevées, corrosion… l’enceinte du réacteur peut perdre son étanchéité. Matériaux radioactifs se répandent alors aux environs.

  10. Barres et combustible en fusion €“ il s’agit donc de métaux fondus, pas de fusion nucléaire- coulent au fond de la centrale,

  11. avec le risque de percer l’enceinte, entrer en contact avec d’autres matériaux et provoquer une très forte explosion -classique- provoquant la contamination radioactive de vastes territoires.

  12. Il y a même un risque, heureusement très faible, que dans ce coeur fondu, appelé corium, une réaction nucléaire s’enclenche, la masse critique étant atteinte, il y aurait alors une véritable explosion nucléaire.

A Fukushima, tous ces événements, sauf les k) et l), se sont produits, de manière plus ou moins accentuée dans les réacteurs numéros 1 à 3. Dans le réacteur numéro 4, qui était à l’arrêt lors du tsunami, c’est la piscine où était stocké le combustible usagé qui n’a plus était refroidie, l’eau s’est évaporé, les barres ont surchauffé et…

Des centaines de pompiers, de techniciens et d’ingénieurs, sont engagés sur place, au détriment de leur santé, pour refroidir ces réacteurs et éviter le pire, c’est-à-dire les événements k) et l). Mais pendant plusieurs semaines, voire des mois, la situation restera critique.

L’eau déversée sur les centrales lessive des éléments radioactifs dans la mer.

Le vent qui soufflait vers l’océan au début, mais dans d’autres directions par la suite, propage au loin iode et césium radioactifs, et tout un cocktails d’autres isotopes aussi sympathiques que le plutonium, dont l’inhalation d’un seul milligramme induit à terme, presque à coup sûr, un cancer…

Au gré des vents, de la neige et des pluies qui diffusent et précipitent les éléments radioactifs, des territoires sont contaminés bien au delà des 20 Km évacués et des 30 Km, où les gens sont sensés rester barricadés chez eux depuis 3 semaines, L’eau potable, le lait, les produits de la terre sont contaminés…

2. Toute centrale nucléaire représente un danger inacceptable,

qu’elle soit de technologie soviétique ou occidentale

Le lobby nucléaire affirmait, à raison, que l’accident de Tchernobyl était moins une défaillance du nucléaire, que du système soviétique dont il a précipité la chute.

Cette explication ne s’applique pas au Japon, nation démocratique à la pointe de la technique. Ses centrales ressemblent aux nôtres: comme en Suisse, le 1er confinement des réacteurs est en acier et entouré d’une couche de béton épaisse un mètre… A l’évidence, dans des installations aussi complexes, les enchaînements susceptibles d’aboutir à des accidents majeurs sont multiples et imprévisibles. Par exemple, en 2006 en Suède, dans la centrale de Forsmark, une panne de courant, suivie de la défaillance des 4 génératrices de secours, a privé de refroidissement le réacteur pendant 23 minutes. Selon le rapport de l’organisme de sureté suédois on a réussi enfin à faire redémarrer manuellement 2 des génératrices, 7 minutes de plus et la situation aurait été gravissime…

A Fukushima, tout le monde peut constater que la sûreté des centrales nucléaires, même de conception occidentale, ne peut être garantie à 100%.

Et les conséquences d’un accident majeur seraient catastrophiques pour la Suisse. Un rapport officiel de la Confédération1 les a évaluées: plus de 900’000 personnes à évacuer, plus de 4000 milliards de dégâts…

Il n’y aurait même pas l’espoir, comme au Japon, que le vent pousse la radioactivité vers la mer. En moyenne, deux jours sur trois le vent souffle en direction des grandes villes suisse-allemandes, un jour sur trois la bise souffle en direction de la Romandie!

3. Quels sont les effets de la radioactivité « s’échappant » de Fukushima?

Des millions de personnes sont à la merci de la radioactivité !2

Depuis le 12 mars dernier, les habitants des zones contaminée subissent l’impact des rejets radioactifs de FUKUSHIMA DAIICHI.

Toutes les voies d’exposition se cumulent :

  1. Exposition aux rayonnements qu’émettent les aérosols et les gaz radioactifs que les vents transportent vers les zones habitées, celles de la Préfecture de Fukushima, mais aussi bien au€delà de la ville de Sendai, à 100 km au nord et bien au€delà de Tokyo à 230 km au sud.

  2. Exposition aux rayonnements émis par les produits radioactifs qui retombent progressivement au sol (du fait de la gravitation, des pluies et de la neige) et s’accumulent sur les surfaces ; Les débits de dose sont multipliés par 10 à bien plus de 100 km de la centrale nucléaire, par 100 à quelques 60 ou 70 km de distance et dans un périmètre d’une cinquantaine de kilomètres certaines valeurs dépassent de 1 000 fois le niveau normal. Il s’agit là de zones où les populations n’ont été ni évacuées, ni confinées.

  3. Contamination externe à cause du dépôt des particules radioactives sur la peau et les cheveux (une contamination qui peut très facilement se transformer en contamination interne si la peau comporte des blessures ou de simples microlésions ; si les doigts sont portés à la bouche, au nez ; si la personne manipule des aliments sans s’être lavé les mains ; si les aérosols déposés sur les cheveux sont remis en suspension et inhalés) ;

  4. Contamination interne par INHALATION des aérosols et gaz radioactifs présents dans l’air : parce que l’on ne peut pas s’arrêter de respirer, parce que les simples masques à poussières portés par la population ne procurent AUCUNE PROTECTION contre les iodes radioactifs gazeux dont l’air est chargé ; parce que le confinement à l’intérieur des bâtiments est une mesure de COURT TERME qui n’aurait jamais dû être prolongée sur plus de 15 jours : soit les personnes s’asphyxient parce que le confinement fonctionne, soit il est imparfait, et elles sont alors approvisionnées en oxygène ET en produits radioactifs ! ;

  5. Contamination interne par INGESTION d’eau et d’aliments contaminés : parce que le contrôle des aliments à risque a commencé de façon tardive ; parce que ne sont retirés de la consommation que les aliments dont le taux de radioactivité dépasse les normes.

Il faut surtout comprendre que même les faibles doses de radioactivité ont un effet. On peut comparer la situation à celle d’une troupe qui doit traverser un champ de mines. S’il y a beaucoup de mines, le risque que plusieurs soldats meurent ou soient blessés est grand. S’il y a peu de mines le risque est faible, mais pour le soldat qui saute sur une mine les conséquences sont terribles. Il en va de même avec la radioactivité. S’il y a peu de particules radioactives, peu de risques d’en ingérer ou d’en respirer une. Mais pour les personnes atteintes les conséquences peuvent être létales.

Pour avoir une information indépendante dans ce domaine, vous pouvez consulter le site www.criirad.org

1Katanos – une étude comparative sur les conséquences de catastrophes et de situations d’urgence en Suisse : risques de catastrophes en Suisse

2Rédigé à partir de données du site de la Commission de Recherche et d’Information

Indépendantes sur la Radioactivité http://www.criirad.org/

Un frisson à l’annonce du tremblement de terre d’intensité 9 au large des côtes japonaises et du tsunami. Combien de morts? Des milliers? Des dizaines de milliers? Quelles souffrances! Compassion.

Puis, en apprenant l’arrêt d’urgence de 11 centrales nucléaires, une grande inquiétude. En tant que physicien-énergéticien, je mesure les risques encourus. Tout va-t-il se passer comme prévu? La forte chaleur que les barres de combustible continuent à émettre plusieurs jours après l’arrêt du réacteur pourra-t-elle être évacuée normalement?

Après avoir subi une terrible catastrophe naturelle, la Japon est menacé par ses centrales nucléaires.

Au moment où j’écris ce billet, les pompiers et les pilotes d’hélicoptères qui arrosent les installations, mettant gravement en danger leur santé, et la cinquantaine de techniciens et d’ingénieurs qui n’hésitent pas à se sacrifier, réussissent à éviter le pire. Ils luttent contre un enchainement d’accidents, que les concepteurs n’avaient pas envisagé.

Heureusement que la météo est favorable: le vent souffle vers l’océan. Les 35 millions d’habitants de Tokyo, à 250 km au sud, ne sont pas atteints par la radioactivité, pourtant l’Allemagne et la France, puis d’autres pays, ont conseillé à leurs ressortissants de fuir vers le sud…

On m’a demandé quelles conséquences auront ces événements tragiques sur la politique énergétique de la Suisse.

Tous les milieux qui soutiennent le nucléaire feront-ils simplement le dos rond attendant que la tempête passe. Nous mentiront-ils, comme après Tchernobyl, sur les conséquences de l’accident? Pendant des années, ils ont affirmé que Tchernobyl n’a fait que 58 morts, puis admis, du bout des lèvres, par un rapport de l’OMS-AIEA, qu’il y a 4000, puis 16’000 victimes indirectes. Une broutille quoi! En réalité cette catastrophe a provoqué entre 600’000 et 900’000 morts. Des constatations sur place et de nombreuses études de scientifiques russes et ukrainiens l’ont montré. Un volumineux rapport de l’académie des sciences de New-York l’a confirmé en 20091.

Le lobby nucléaire a aussi affirmé que l’accident de Tchernobyl était moins une défaillance du nucléaire que du système soviétique. D’ailleurs il en a précipité sa chute. Et c’est exact.
Ça ne s’applique pas au Japon, nation démocratique à la pointe de la technique. Ses centrales ressemblent aux nôtres, comme en Suisse, le 1er confinement des réacteurs est en acier et entouré d’un mètre de béton… Mais dans des installations aussi complexes, les enchaînements susceptibles d’aboutir à des accidents majeurs sont multiples et imprévisibles. Par exemple, en 2006 en Suède, dans la centrale de Forsmark, une panne de courant, suivie de la défaillance des 4 génératrices de secours, a privé le réacteur de refroidissement pendant 23 minutes. Selon le rapport de l’organisme de sureté suédois on a réussi enfin à faire redémarrer manuellement 2 des génératrices, mais 7 minutes de plus et la situation aurait été gravissime…

Avec « Fukushima Daiichi », tout le monde peut constater que la sûreté des centrales nucléaires, même de conception occidentale, ne peut être garantie à 100%.

Et les conséquences d’un accident majeur seraient catastrophiques pour la Suisse. Un rapport officiel de la Confédération2 les a évaluées: plus de 900’000 personnes à évacuer, plus de 4000 milliards de dégâts…

Il n’y aurait même pas l’espoir, comme au Japon, que le vent pousse la radioactivité vers la mer. En moyenne, deux jours sur trois le vent souffle en direction des grandes villes suisse-allemandes, un jour sur trois la bise souffle en direction de la Romandie!

Madame Leuthard a compris qu’on ne peut pas continuer comme si rien ne s’était passé. Elle a fait preuve d’un bon « sens politique » en décrétant la suspension des procédures en cours pour autoriser la construction de nouvelles centrales. J’espère qu’elle fasse aussi preuve tout simplement de bon sens en agissant pour que la Suisse se tourne résolument vers l’efficacité et les renouvelables et planifie une sortie ordonnée du nucléaire.

Les Verts en tout cas vont prendre des initiatives parlementaires et populaires pour atteindre ce but. Obtiendront-ils des appuis au delà des associations de protection de l’environnement et de la gauche? C’est probable car, indépendamment des tragiques événements japonais, de nombreux industriels et politiciens du centre droite ont réalisé qu’investir dans l’efficacité et les renouvelables les dizaines de milliards prévus pour construire 3 centrales nucléaires, mettrait plus d’énergie à disposition et créerait plus d’emplois de qualité en Suisse; risques, déchets radioactifs et dépendance de l’étranger en moins.

Un exemple nous montre que la « sortie du nucléaire » est possible: actuellement 210’000 logements chauffés à l’électricité consomment, en hiver, quatre fois plus que l’électricité produite par Mühleberg. Rien qu’en les remplaçant progressivement par des chauffages aux pellets ou par des pompes à chaleur, on pourra se passer de Mühleberg, Beznau 1 et Beznau 2 !

1Annals of the New York Academy of Sciences, Volume 1181, December 2009

2Katanos – une étude comparative sur les conséquences de catastrophes et de situations d’urgence en Suisse : risques de catastrophes en Suisse

Toujours deux de trop

En accordant leurs violons, et en s’unissant pour construire et exploiter de nouvelles centrales nucléaires en Suisse, Alpiq, Axpo et BKW essaient de montrer un visage raisonnable.
En réalité ces sociétés électriques persistent dans un très mauvais choix, tant du point de vue écologique qu’économique:burningmoneyflat1-3.jpg

  • Pourquoi investir dans le nucléaire 20 ou 30 milliards qui ne rapporteront pas un sous avant 2025, alors qu’en consacrant les mêmes sommes à la réduction des gaspillages, au développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique on disposerait de plus d’électricité et on créerait au moins 10 fois plus d’emplois de qualité en Suisse?
  • Pourquoi construire des installations qui sèment cancers et leucémies des dizaines de kilomètres à la ronde?
  • Pourquoi rester dépendant de l’étranger aussi bien pour la construction des centrales que pour les fournitures d’uranium?
  • Pourquoi continuer à empoisonner la planète en extrayant et transformant de l’uranium?
  • Pourquoi continuer à produire des déchets qui resteront radioactifs et dangereux pendant des millénaires et dont personne ne veut?

La construction de nouvelles centrales nucléaires, chères et dangereuses, bloquerait la transition vers un approvisionnement en électricité sûr et durable. Ce ne serait de loin pas le meilleur choix pour la Suisse!

20’000 avortements causés par les centrales nucléaires en Suisse et en Allemagne? 

Une étude de Ralf Kusmierz, Kristina Voigt et Hagen Scherb, du Centre allemand de recherche pour la santé environnementale, à Munich, a examiné le rapport entre les naissances et la proximité des centrales nucléaires, en Suisse et en Allemagne.

En général 100 filles naissent pour 105 garçons, ce n’est pas le cas dans les régions qui entourent les centrales nucléaires nucléaires.

Il était déjà vérifié que guerres et rayonnement radioactif n’ont pas les mêmes effets sur les naissances de filles et de garçons, les conséquences sur les embryons féminins étant particulièrement lourdes.

L’étude a montré l’existence de conséquences graves en rapport avec la simple proximité des centrales nucléaires.

Dans les derniers 40 ans, dans les zones situées à moins de 35 kilomètres de distance des 31 centrales nucléaires Allemandes et Suisses, le nombre de naissances de fillettes résulte inférieur de 20’000 par rapport au nombre prévisible.

Les spécialistes ont aussi mis en évidence une augmentation nette des cas de tumeur enfantine dans les environs des centrales nucléaires.

Comment expliquer ces 20’000 avortements spontanés “en excès”, meme en l’absence d’accidents majeurs dans les centrales examinées par l’étude?

Peut-être à cause d’accidents nucléaires soi-disant de “bas niveau”, considérés comme de simples “pannes” avec une exposition à la radioactivité de la population définie “dans les limites de sûreté” mais qui, en raison de leur fréquence et de leur nombre, pourraient avoir des effets sur la santé bien plus graves que ceux estimés par les autorités de surveillance?

Peut-être à cause du dégagement de tritium, dont les effets, comme démontré par des études récentes, ont été largement sous-estimés?

Ou peut-être que la raison doit être cherchée dans d’autres conséquences des activités des centrales nucléaires comme les pertes durant le transport des déchets et d’autres matériaux dangereux nécessaires au fonctionnement des installations?

Jusqu’à quel point les gouvernements et l’AIEA omettent-ils d’informer les populations sur les effets réels des centrales nucléaires?

Quelle incidence a vraiment le nucléaire sur la baisse de la fertilité humaine dans de nombreuses régions du monde?

Une chose est certaine, la politique des gouvernements et des organismes de contrôle vise à rassurer les populations sur la sûreté des installations, et les mises en garde de scientifiques « critiques » ne sont que rarement répercutées par les medias.

Le 7 octobre lancement d’une initiative fédérale pour une Caisse publique d’assurance-maladie par les associations d’assurés et de consommateurs, le PS et les VERTS.

Pour parer aux défauts que le système actuel montre depuis des années, tout en évitant les causes d’échec des précédentes tentatives d’amélioration, l’initiative propose que l’assurance-maladie obligatoire des soins soit mise en oeuvre par une institution nationale unique de droit public, dont les organes seraient composés de représentants de la Confédération, des cantons, des assurés et des fournisseurs de prestation.
Les primes seraient fixées par canton et calculées sur la base des coûts. Des agences cantonales ou inter-cantonales seraient crées et chargées notamment de la fixation des primes, de leur encaissement et du paiement des prestations.

En effet, les mesures annoncées par le Conseil fédéral pour améliorer la surveillance des caisses sont certes encourageantes, mais elles restent un emplâtre sur une jambe bois.
Il faut arrêter les hausses des primes d’assurance-maladie qui frappent année après année les assurés, en particulier les enfants et les jeunes adultes.
Une Caisse publique d’assurance-maladie est indispensable pour résoudre durablement les problèmes.

Sans nier les autres causes, notamment la centralisation insuffisante de la médecine de pointe et le prix des médicaments, sur lequel le Conseil fédéral a enfin décidé d’agir, on doit relever l’influence négative du système actuel sur les coûts :

* Manque de transparence, séparation insuffisante entre l’assurance de base et les assurances complémentaires.
* Dépenses publicitaires, chasse aux « bons risques », frais d’acquisition de nouveaux patients.
* Multiplicité des systèmes de facturation et de contrôle.
* Multiples Conseils d’administrations.
* Nécessité de constituer des réserves élevées pour les petites caisses.
* Subventions croisées indirectes entre filiales d’un même groupe (de différents types et/ou de différents cantons).

Depuis des années, les assurés de certains cantons payent des primes trop élevés et les Caisses-maladie, au lieu de restituer aux assurés les sommes payées en trop, en baissant les primes les années suivantes, transfèrent les réserves excédentaires dans d’autres cantons, pour les besoins de leur politique commerciale, pour masquer des pertes et pour y recruter des « bons risques »…
Les reserves excédentaires voisinent le demi milliard et certaines Caisses-maladie vont « légalement » « dépouiller » leurs assurés. Supra et Assura par exemple veulent délester les Assurés genevois de 165 millions, les Neuchâtelois de 54 millions, les Vaudois de 52 millions… C’est inacceptable !
Primes cantonales, mais réserves communes ? Le système actuel est absurde, et ne récompense pas les efforts de rationalisation de la médecine réalisés dans de nombreux Cantons.

Il est indispensable de créer une Caisse publique d’assurance-maladie pour que dans chaque canton, les autorités, les prestataires de services et les assurés puissent collaborer au maintien d’un système de santé performant, au renforcement des mesures de prévention et à la maîtrise de ses coûts.

Crier au loup !

Le Conseil national a longuement débattu du loup: 14 motions, alors qu’il n’y a qu’une dizaine de loups en Suisse!

Jusqu’à présent on demandait d’abattre des loups lorsqu’ils s’attaquaient à des moutons.
Il faut pourtant relever que la principale cause de mortalité parmi les 450’000 moutons suisses est l’abattage chaque année de centaines de milliers de moutons pour nourrir l’homme, suit la mort de 8 à 10’000 moutons en estivage, par accident ou maladie ou agression par des chiens errants. Viennent enfin les 100 à 400 moutons tués par la dizaine de loups qui vivent en Suisse !
Des mesures légales et réglementaires ont déjà été prises pour

* dédommager les éleveurs touchés,
* abattre les carnivores qui attaquent plusieurs animaux de rente et
* encourager la prévention par le gardiennage à l’aide de chiens.

On peut et on doit encore améliorer ces mesures: le loup est un élément important pour la biodiversité dans nos contrées, et il faut prendre les mesures nécessaires pour faciliter la cohabitation avec cet animal sauvage.
Mais certaines des motions traitées aujourd’hui au Conseil national, montrent clairement que certains politiciens veulent éliminer ou fortement réduire le nombre de loups avant tout parce qu’ils représentent une concurrence pour les chasseurs.
Ils aimeraient que les loups deviennent végétariens…
Voulons nous vraiment décimer les loups parce qu’ils mangent du gibier? Ce serait pratiquement empêcher leur présence en Suisse :
un très mauvais signal dans cette année de la biodiversité !
Les expériences faites dans les pays voisins montrent que loups et chasseurs peuvent cohabiter sans mesures d’abattage spéciales et que les grands carnivores opèrent un tri salutaire parmi les animaux sauvages les plus faible ou malades, peu intéressants pour les chasseurs.
Les chasseurs n’ont pas besoin d’être protégés du loup!
Mais les loups de certains politiciens qui écoutent un peu trop les chasseurs!

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